Nous avons encore peine à le croire. Mais des manquements et des défaillances de premier ordre confirment l’ampleur du mal : quand il s’agit d’insultes, de jurons, voire de grossièretés, les députés d’Al-Karama ne dérogent pas à la règle. Dit comme cela, il est évident que cela paraît absurde. Et pourtant, c’est une réalité qu’il convient de dénoncer.
Lors d’une réunion du bureau de l’ARP, l’élu Abdellatif Aloui n’a pas hésité à proférer des jurons contre la députée d’Attayar, Samia Abbou, la qualifiant de «traînée, ignorante, arriérée, animal…». Il s’agit au fait d’un audio fuité sur les réseaux sociaux et faisant état d’un échange entre les députés en question. L’auteur des insultes s’est défendu à sa manière, assurant qu’un membre du bureau de l’ARP a fait fuiter un enregistrement tronqué après avoir supprimé la partie où «l’on entend les injures de Samia Abbou».
Difficile de ne pas réagir devant le spectacle d’une assemblée dans laquelle l’excès de zèle domine et semble n’obéir qu’à ses propres règles. Ce n’est seulement plus une question de noms, ni d’excès et de dépassements. On sait bien qu’il y a de bons, mais surtout de déplaisants, nuisibles et même infréquentables députés à l’ARP. Mais la prolifération de ces derniers ne fait qu’éloigner le Parlement de sa vocation. Il semble même que la présence de certains soit de nature à entraver et à compromettre sa mission.
Les dérapages successifs de ces députés désavouent les règles et les fondements sur lesquels devait justement se baser le travail au Parlement. Après leur intrusion et en l’espace de quelque temps, ils sont passés du statut d’élus représentant le peuple à celui d’antagonistes plutôt envahis par d’éternels démons. Des députés qui n’ont plus effectivement des liens, ni d’authenticité avec la mission qui leur incombe. Surtout quand on réalise que la plupart n’ont pas toujours une idée suffisante de ce que doit représenter une place au Parlement et le mérite de parler au nom du peuple.
On reconnaît en passant que les débats et le travail sous l’hémicycle sont affectés par la dégringolade continue des valeurs. Au-delà des dérapages et des dépassements, on continue à distinguer une tendance complètement opposée à ce que le peuple attendait des élus pour lesquels il a voté. Entre attentes et réalité, l’urgence serait aujourd’hui de moraliser le Parlement. Que beaucoup de députés soient reconnus comme ils le sont réellement et non plus comme ils avaient promis de l’être lors de la campagne électorale. L’impératif serait aussi de protéger le Parlement, surtout de ses principaux acteurs.
On réalise encore une fois, notamment avec amertume, la désolation et la déception que cela engendre, que les grands noms, les grands hommes, les grands politiques figurent aujourd’hui dans les livres d’histoire.
MAHJOUB Annick
18 avril 2021 à 11:50
Est ce que l’absentéisme au Parlement est sanctionné et les sanctions appliquées? On n’en parle pas.